Je me suis fait ces deux volumes ces derniers jours, de la très bonne lecture, vraiment dommage que Panini n'ait ni rééditer les numéros introuvables sauf à prix d'or de chez Semic ni traduit les inédits.
Des Ailes de Plombs : Après 20 ans à l'ombre, Steeljack, un ancien super-vilain à la peau métallique invulnérable autrefois connu sous le nom de Steel-Jacketed-Man, décide de se tenir à carreau pour ne pas replonger. Mais à peine de retour dans son quartier natal, il se retrouve à enquêter pour le compte des habitants du quartier sur les meurtres de différents super-vilains du coin. Kurt Busiek livre un excellent récit sur la rédemption, la réinsertion, l'importance des choix dans l'évolution d'une vie et surtout la difficulté de changer son image lorsque l'on a été un criminel notoire par le passé. Steeljack est un héros très attachant, voulant sincèrement se réhabilité aux yeux de la société il se retrouve victime des évènements, son contrôle judiciaire l'empêchant de fréquenter les gens de son quartier criminels pour la plupart il se retrouve à ne pouvoir parler qu'avec un ancien grand criminel jamais coincé devenu l'homme qui met les gens en relation dans le quartier et croisera sur sa route quelques personnages torturés comme un ancien héros ayant mal tourné ou un inventeur génial mais naïf devenu un vilain par les manipulations de la femme qu'il aimait. L'ironie qui teinte le récit se reflète merveilleusement dans sa fin
- Spoiler:
qui voit Steeljack, ayant sauver la situation, à peine remercié tandis que le méchant de l'histoire semble traité avec plus d'estime par les héros en raison de son passé, mais vivant maintenant tranquille et plus-ou-moins en paix avec lui-même.
A côté de ça, on a également là un très bon récit de super-héros urbain, en témoigne la préface enthousiaste de Frank Miller, pilier et pionnier du genre.
Héros Locaux : Cet autre recueil présente plusieurs histoires indépendantes les unes des autres et ne durant que le temps d'un épisode (sauf pour un récit en deux parties) que l'on suit du point de vue de l'homme du commun.
Dans
Visite guidée, un portier d'hôtel nous présente son quotidien et la réaction des gens de passage à Astro City face à la singularité de la ville tout en évoquant les raisons qui l'ont poussées à rester ici.
Au coeur de l'action dépeint ce que pourrait être les métiers liés aux comic-books de super-héros dans un monde où les surhommes seraient réels, avec comme protagoniste une jeune scénariste confrontée aux manières très "enthousiastes" de son éditeur qui prend un malin plaisir à inventer les zones d'ombres des histoires de justiciers masquées qu'ils sont censés racontés fidèlement dans leur publication, avec comme conséquence un final plutôt original.
A partir de l'épisode intitulé
Le regard des autres le ton des épisodes commencent à être moins légers, avec ici un acteur qui passe de héros à l'écran à vrai justicier masqué, et qui devra tirer des leçons des conséquences que cela aura sur sa vie professionnelle comme privée.
Dans
Chevalier servant une mère raconte à sa fille son idyle dans les 60's avec un super-héros à mi-chemin entre le Superman du
Silver Age et Docteur Manhattan. Si la forme fait penser à un hommage à cette période à la façon des épisodes du
Supreme d'Alan Moore, le fond se concentre sur cette relation amoureuse très originale (un peu dans le genre "Et si entre Loïs et Clark/Superman ça s'était finalement mal passé ?") et s'achève par une fin où à nouveau le protagoniste du récit devra faire face aux terribles conséquences résultant de ses actes, toujours teintée d'une petite touche d'ironie.
Avec
Pastorale on quitte le cadre de la grande ville pour une petite ville de campagne où une jeune fille d'Astro City est envoyée passer l'été chez de la famille, ses préjugés finissant par se confronter à l'existence de super-héros aussi dans ces coins-là du pays et à leur relation singulière avec les gens du commun ici. Même si je l'ai bien aimé dans l'ensemble, j'ai trouvé la fin un peu trop naïve (et ce malgré mon côté naturel campagnard toujours prêt à critiquer la ville
).
S'en suit un nouveau saut dans le passé avec un récit étalé sur deux chapites,
Quitte ou double et
Justice à deux vitesses, où dans les 70's un avocat à l'avenir brillant défend le fils d'un mafieux que tout accuse indubitablement (des preuves matérielles aux témoins) de manière originale en invoquant toutes les possibilités liées au monde super-héroïque, du métamorphe à l'illusion en passant par le contrôle mentale. Néanmoins, un mystérieux justicier semblant avoir une connection avec l'avocat veille dans l'ombre... On voit ici une manière plutôt bien trouvée d'aborder la justice et la loi dans un monde où tout est possible, l'absurde prenant alors corps dans le réel et remettant en cause l'ensemble du système établit.
Si
Le bon vieux temps nous ramène au présent, c'est toutefois pour mettre en avant une gloire passée, le héros à la retraite Supersonique est rappelé par son ancien allié policier pour arrêter un méchant très puissant alors que tous les autres surhommes sont injoignables ou en mission ailleurs. Peut-être le récit le plus fort du recueil, teinté de nostalgie et d'amertume, où les thèmes du temps qui passe et de la conséquence des actes à assumer sont à nouveau dépeint magnifiquement.
Enfin, un petit récit de six pages nommé
Après l'incendie complète le volume. Tiré d'une anthologie aux fonds destinées à des associations dédiés aux victimes du 11 septembre, l'histoire s"intéresse ici à un pompier qui fut handicapé durant un incendie, un petit récit de "héros ordinaires" dans la même veine que ceux qu'on a pu voir fleurir sur ce thème à l'époque.
Si les récits sont souvent inégaux, ce recueil vaut d'être lu pour la démarche originale (du moins pour l'époque) choisit ici par les auteurs dans leur angle de vision du super-héros. Si je ne le conseillerais peut-être pas à ceux qui n'y connaissent rien en héros en collant, quiconque n'ayant jamais ouvert un tome d'Astro City avant mais disposant des bases sur les archétypes du monde des comics se laissera porter par ces récits où les thèmes abordés prennent le pas sur la pure lutte du bien contre le mal.
D'un point de vue général, ces deux volumes m'ont donné l'impression qu'au travers d'Astro City Busiek et Anderson ont réussi leur pari de rendre hommage au genre tout en l'abordant sous des angles inédits (encore une fois pour l'époque) et m'ont donné envie de découvrir les volumes précédents et suivants. J'espère qu'Urban se penchera vite sur cette série qui mérite sans doute de figurer parmi celles qui doivent toujours être disponibles dans les rayons des librairies !