Introduction
Un soir de décembre 2010, il fait très froid en région parisienne. Dans une ruelle de St Denis assez loin du centre ville, une jeune femme asiatique sort d’une très grande maison de couleur rose et au toit bleu ciel bâtie sur trois étages.
- A demain les gars ! Hurle-t-elle en refermant la porte.
Puis elle traverse le jardin modeste donnant accès à la grille d’entrée. Habillée chaudement, elle se précipite sur le trottoir de la petite rue sombre. Elle se dit qu’il serait temps que les ampoules des lampadaires soient remplacées. A la limite de courir, elle parcourt les rues voisines. Elle retire son gant noir de sa main droite et sort son téléphone portable dernier cri de son sac à main en velours beige. Elle sélectionne le répertoire de son GSM et s’arrête au prénom « MONIA ». Tout en maîtrisant sa marche rapide, elle compose le texto « Salut ma petite, on fait que se croiser à la maison ces derniers jours. J’ai besoin de te parler. On se capte demain chez nous. Bizzzz ».
Elle repère enfin au coin d’une rue, une voiture blanche Golf 4 TDI avec les phares allumés. Arrivée à son niveau, elle y ouvre sa portière et s’installe coté passager. Elle donne un baiser sur la bouche du jeune homme algérien qui semble impatient.
- Désolé du retard mon Mehdi adoré, lui précise-t-elle.
- Oui mais Kesha, je ne comprend toujours pas pourquoi tu ne veux pas que je vienne te chercher devant chez toi, on aurait eu cinq minutes de plus ensemble…
Ils s’embrassent longuement puis Kesha le repousse.
- On va trop loin Mehdi. Je ne supporte pas l’idée que tu trompe ma copine et avec moi en plus mais c’est plus fort que moi, lui déclare-t-elle. De plus j’ai bientôt 30 ans et il est grand temps pour moi de me caser officiellement…
- Je sais ma puce, tu crois que je ne me sens pas mal moi ? Répond Mehdi. J’ai rendez vous avec elle dans deux heures. Je vais rompre avec elle promis !
Kesha songe a ce qu’il vient de dire.
- Et puis comment ne pas craquer lorsque je vois … non que dis-je, lorsque j’admire tes jolis yeux noirs bridés, reprend-il.
- Tu sais j’ai la boule au ventre car je trahis mon amie… mais vivement que votre rupture soit déclarée, exprime-t-elle. Car pour être franche, je te vois mal vivre avec nous alors qu’on la trompe tous les deux…
- Ecoute Kesha, je ne m’installerai pas chez vous tant que je n’aurai pas réglé cela avec elle…
- Ok, interrompt-elle. Je suis en retard ! Conduis moi au cyber s’il te plait.
- A vos ordres princesse ! Et je paris que je dois te laisser cinq rues plus loin…
- Grrrrr, râle-t-elle. Fonce !!!!
Mehdi démarre sa voiture…
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Dix minutes plus tard, il se gare devant un MacDonald de la Courneuve, une ville voisine de St Denis. Mehdi et Kesha s’embrassent une dernière fois. La jeune femme sort de sa voiture.
- J’arrive au cyber dans dix minutes pour ne pas éveiller les soupçons, lui lance Mehdi.
Elle lui répond par un joli sourire en refermant la portière. Le jeune gars voyant sa copine s’en aller au loin, allume son poste de radio. Un vieux titre du défunt Michael Jackson envahit la voiture. Mehdi allume son troisième joint de la journée et se met à rêvasser …
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Kesha se rend à l’intérieur du Cybercafé « Nejma ». Cet endroit a une grande surface de 80 mètres carrés environ. On y trouve vingt postes reliés à Internet, un comptoir caisse et un stand sandwicherie. Elle se dirige vers la caisse sous une musique d’ambiance qui sonorise toute la salle. Un homme aux cheveux blonds mi-longs et yeux bleus se trouve derrière le comptoir.
- Enfin, il était temps !!! Lance-t-il.
- Oui désolé Eric. Les gars m’ont retenue à la maison, lui répond-elle !
- Quoi ? Ahahaha, ils ont réussi enfin à te violer, ricane-t-il.
- Arrête tes conneries petit con. Tu ne vas jamais grandir ! Tu n’a plus 20 ans mec! Aller file, je vais prendre ta place.
- Merci poupée inaccessible…lui dit Eric. Y’a qui à la maison ?
- Je crois que tu ne trouvera que Hakim en rentrant…
Pendant ce temps, Mehdi fait son entrée dans ce même cybercafé. Il repère sa future copine officielle avec leur ami Eric.
- Hey les jeunes !!! Hurle-t-il en se rendant vers eux.
- Bonsoir Mehdi, tu viens surfer ? Lui lance Kesha en feintant de le voir pour la première fois ce soir..
- Non, non je venais juste vous faire un coucou avant d’aller en boite.
- Chanceux, reprend Eric, je suis crevé ! Mais en tout cas avec tes 1m90, Mehdi tu va faire tomber encore une fois toutes les meufs surtout avec ta chemise noire bien entrouverte.
Kesha s’arrête de sourire.
- Mais non idiot, tu sais bien que je suis casé, répond Mehdi.
- Oui mais elles seront pour nous tes potes hein ?
- Sérieux les mecs, vous en avez pas marre de toujours parler de nana ou de sexe ? Interrompt Kesha.
Les deux mecs se lancent un sourire. Puis Mehdi observe la pièce et les personnes présentes.
- Ah mais Riad est là ! s’exclame-t-il. Et y’a toujours le clochard et la meuf qui a le cancer !
- Psssssst, conteste Kesha. Ce n’est pas bien de se moquer des habitués.
- Oui mais il est toujours mal habillé et elle a toujours un bonnet qui cache sa touffe… reprend Mehdi.
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En effet, installé à l’opposé de la salle, Riad discute sur MSN avec certains de ses contacts. Cet homme, aux beaux traits maghrébins et au regard noir perçant, se concentre sur sa discussion avec une certaine Stephanie-Clochette. L’avatar de sa correspondante MSN dévoile une femme sexy aux cheveux bruns très longs :
Riad-Bogosse : Je suis pressé de te rencontrer.
Stephanie-Clochette : Moi aussi mais …
Riad-Bogosse : Mais quoi ? Cela fait 3 semaines qu’on chatte ensemble et qu’on se tel !
Stephanie-Clochette : Oui Riad… Tu m’as l’air sérieux et tu me plais vraiment ! C’est juste que j’ai peur de me faire encore avoir. Les mecs m’ont tellement déçu…
Riad-Bogosse : Laisse le destin faire les choses stp. Mais je te promets que jamais je ne ferai quoique ce soit qui te blessera ! Fais moi confiance beauté.
Stephanie-Clochette : Je veux te faire confiance et je vais te faire confiance! Ma copine m’attend pour aller au ciné, je dois y aller. Bisoux, je te call en rentrant.
Riad-Bogosse : Boussa kbira Stéphanie
Stephanie-Clochette : J’adore quand tu écris en arabe ! ++++++
Stephanie-Clochette is deconnected…
Installé à gauche de Riad, une jeune femme, portant un bonnet rose couvrant tout le haut de son visage de couleur pâle, avait observé que son voisin était à fond sur son dialogue virtuel.
- Charmante la nana, s’adresse-t-elle à Riad.
- Curieuse je vois, lui répond-il avec surprise.
- Désolée je n’ai pas pu m’en empêcher…
- Pas grave, Eve. Tu es la cliente la plus fidèle donc je te pardonne cette fois-ci, plaisante-t-il.
- Hihihi, rit Eve. Mais ne te fais pas de films, je ne te drague pas Rida !
- Riad … Et non Rida. Tu as une mémoire de poisson la miss. Ne serais-tu pas la réincarnation de Dory en personne?
- Pfffff… Bon vaut mieux que je continue mes recherches sur le web, lui réplique-t-elle.
Assis face aux deux internautes, un jeune homme brun mal rasé vêtu d’habits usés et troués s’incruste dans la conversation.
- Et moi c’est quand que tu me drague, dit-il en s’adressant à Eve.
- Lâche moi s’il te plaît ! Riposte-t-elle.
- Aller je suis sur qu’on est fait l’un pour l’autre, reprend-il.
- Oublie moi connard ! Avec toutes les places disponibles, il a fallu que tu t’assois juste devant moi !
- Mmmmm t’es si mignonne avec ce bonnet rose. C’est le meilleur que tu aies porté !
- Assez !!!!! Intervient Riad. Je t’ai déjà dit Fabien de ne pas emmerder les clients ! Je te rappelle minus que c’est mon cyber et que je peux t’interdire l’entrée si tu n’arrêtes pas de la harceler !
- Ok ok c’est bon je m’arrête promis, glousse Fabien.
Le silence prend place. De son beau regard aux yeux gris, Eve lance un clin d’œil à Riad en guise de remerciements. Ce dernier connecté sur sa page Facebook, il consulte les dernières actualités de ses contacts internautes. Il lit les deux derniers statuts mis à jour. Celui de Kesha qui dit « n’a pas envie de bosser » par lequel Riad lui répond en disant « Je t’ai sous l’œil ma petite looool ». Le second statut est celui d’un certain Leandro qui est « a envie de sexe ce soir !!! ». Riad se met à rire et lui répond « Ca y’est mon loulou, tu te lâches enfin ! Protege-toi surtout khoya ». Eve observe la photo sexy d’un gars torse nu aux lunettes noires sur l’écran de Riad !
- Il me fait baver ton ami ! s’exclame telle.
- Haha sacré curieuse ! Répond-t-il.
- Dommage qu’il ne se pointe plus ici, regrette Eve.
- Y’a le net à la maison, reprend Riad. Donc Leandro n’éprouve pas le besoin de se déplacer jusqu’ici pour se connecter. Puis c’est peine perdue Eve, il est assez spécial en amour…
- Amour ? Ca parle d’amour ici ? Les surprend Mehdi.
Riad se retourne et, agréablement surpris, se lève de sa chaise.
- Il serait temps que je mange de la soupe, blague-t-il.
- Tout à fait le nain ! Répond Mehdi. Alors comment va le propriétaire de ce cyber ?
- Je vais bien merci. Tu fais quoi là sinon ?
- Oh je venais juste faire un coucou avant de bouger en soirée et te donner ma réponse…
- Cool tu t’installe chez nous alors ? demande Riad.
- Oui mais pas avant le mois prochain, dit Mehdi.
- Pas de soucis, jeune frère. Il restait 3 chambres et t’es quasiment le seul ami de la bande qui crèche ailleurs.
Au même moment, Fabien recule sa chaise pour se lever et se dirige vers les 2 potes tout en remettant sa veste en jean visiblement sale. Mehdi remarque son sourire sadique et ses yeux verts inquiétants.
- Je l’aurai un jour, dit-il au passage de manière à être entendu. Je l’aurai un jour Miss Bonnet Rose.
Une fois que l’étrange homme soit sorti du cyber :
- Un jour je vais lui péter sa gueule, braille Riad.
- Ce clochard ? Questionne Mehdi
- Oui ce clochard qui a quand même de la tune pour se payer des connexions Internet…
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A ce moment même, un couple arrive en moto juste en face de l’immeuble où est situé le cybercafé. Une fois la moto garée, les deux personnes enlèvent leur casque. Pierre est un homme noir assez musclé et impressionnant avec son crâne rasé. Natasha, métisse des îles, portant un jean, a une longue chevelure ondulée couvrant toute sa nuque dont la peau est de couleur café au lait.
- On ne reste pas longtemps, murmure Pierre.
- Tu n’est jamais content chéri, rétorque Natasha en l’embrassant.
- Ne commence pas, veux tu ?
- Ecoute Pierre, j’ai souvent cette impression ces derniers temps que tu en as marre de moi, l’interroge-t-elle.
- Je t’aime toujours bébé mais regarde toi ! Tu ne fais aucun effort…
- Hein mais de quoi tu parles ? s’exclame-t-elle.
- Bébé, tu ne t’habille jamais sexy pour moi, reprend-il. Tu es toujours en jean… Tu crois que ça m’excite de te voir en tenue de garçon manqué ?
- Mais je te signale que c’est de ta faute ! Tu me reprochais toujours mes tenues aguicheuses au début de notre rencontre avec ta jalousie maladive !!!
Un bruit de porte se met à grincer. En effet Mehdi sort du cyber.
- Mehdi ! Quelle belle surprise, s’étonne Pierre !
- Oh mais ce sont mes petits amoureux préférés, les flatte Mehdi.
- Alors tu va bientôt vivre avec Monia chez nous, poursuit Natasha tout en l’embrassant sur sa joue.
- Le mois prochain inch’allah.
- Un de plus parmi les oufs, reprend Pierre.
- Bon, je vous laisse seuls les mecs, je vais saluer les colocs à l’intérieur, dit-elle.
- Vas y bébé, je te rejoins.
Une fois seuls, les deux hommes se regardent en silence pendant dix secondes. Puis :
- Alors c’en est où ? Questionne Pierre.
- Bein il en est que je vais rompre ce soir même, répond Mehdi.
- T’inquiète pas mon gars, Monia je vais la gérer. Le plus important c’est que tu seras enfin libre !
- Oui tu as raison mais …
Mehdi s’arrête de parler.
- Mais quoi ? S’inquiète Pierre.
- Non, laisse moi tout gérer car c’est plus compliqué que tu ne le crois…
- Ne me déçoit pas Mehdi ! Exige le motard.
- Bon …l’heure est pour moi de l’affronter…Je te tiens au courant mais n’en parle à personne, dit Mehdi avec inquiétude.
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30 minutes plus tard, deux copines se promènent sur la célèbre avenue des Champs-Élysées sur Paris, bondée de monde.
- Tu sais Jamila, j’envie grave ta chevelure rousse !
- Oh arrête de déconner Monia, reprend Jamila. Tu as de beaux cheveux longs châtain clair et bouclés qui font râler beaucoup de filles, sans parler de tes beaux yeux verts, mamma mia !
- Non mais les tiens sont carrément frisés, relance Monia. En plus roux flamboyants ! Wow !
Jamila tape l’épaule de son amie et aperçoit quelqu’un dans la foule.
- Bon arrête de déconner, lance-t-elle et regarde qui voilà.
Mehdi surgit de la population fourmilière et embrasse les deux filles.
- Cool les filles, pas besoin de se retrouver à l’arc de triomphe comme prévu, badine-t-il.
- Hihihi mon homme, entame Monia. Je vais commencer à croire que tu me suis.
- Arrête ma belle, on avait rendez vous pas loin de toute façon, précise Mehdi.
- Bon ce n’est pas tout les tourtereaux mais je vais vous laisser, interrompt Jamila.
- Merci pour ta compagnie ma lady, dit Monia.
- Je t’en prie fofolle. Faites pas trop de bêtises ce soir !.
Jamila s’empresse de marcher vite vers la bouche de métro la plus proche.
Puis en plein milieu du trottoir, Monia rapproche ses lèvres à celle de son amoureux. Mais ce dernier reste de marbre.
- Un problème ? S’étonne-t-elle.
- Oui … marmonne-t-il. Il faut que je te parle…
- Vas-y Mehdouche confie toi à moi. Tu sais que tu peux tout me dire !
- Et bien …Ca fait quelques temps que je ne me sens pas bien et j’ai réussi à comprendre pourquoi…
- Dis moi mon homme c’est quoi ! Je vais t’aider à traverser ça !
- Laisse moi finir s’il te plait Monia. Je ne vais pas tourner par quatre chemins mais je ne suis plus amoureux…
- Quoi !!!! Hurle la jeune femme en giflant violemment la joue droite de Mehdi.
Choqué, il mit sa main sur sa joue pour calmer la douleur.
- Si tu m’en veux Monia, je comprendrai, poursuit Mehdi. Mais nous devons rompre…
La fille gifle violemment la joue gauche de Mehdi et tout cela publiquement. Il baisse la tête. Monia ne le quitte pas du regard. Des larmes naissent sur son joli minois.
- Dégage ! Crie-t-elle.
- Monia … dit-il avec hésitation.
- Dégage je te dis !! Dégage !!!!!
- C’est bon c’est bon.
Il part lui tournant le dos et disparaît dans la foule. Monia réalise ensuite que beaucoup de gens l’observent suite au spectacle de ce duo non éternel. Elle essuie ses larmes et reprend la route vers le métro…
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Quelque part dans une cour d’immeuble étrange et inquiétant, un homme trentenaire, bien portant aux joues rondes s’agite dans le fond d’une piscine, tout habillé, essayant de remonter à la surface. Ayant du mal, il sent en temps réel qu’il est en train de se noyer bien que la profondeur ne doit pas dépasser les trois mètres. A l’approche de l’agonie, il réussit à sortir son bras droit hors de l’eau mais sa tête se refuse de suivre le mouvement. Il remarque à travers l’eau 4 visages, dont trois qu’il reconnaît, qui se penchent vers lui. Riad, Natacha, Eve et une femme brune inconnue lui tendent leur bras. Ne se sentant plus seul, sa motivation s’accroît pour le guider vers eux. Quand tout à coup apparaît à la surface de l’eau l’ombre mythique de la mort avec sa fameuse faux qui se positionne juste au dessus de lui, repoussant en même temps les quatre sauveurs. Et c’est alors que… DRING DRING.
Il sursaute de son lit réveillé par la sonnerie de son i-phone. Soulagé d’avoir pu échapper à son cauchemar, il décroche après avoir lu que son tel affiche le prénom de Mehdi.
- Oui !! Rugit-t-il.
- Allo Hakim, c’est Mehdi, ça va je te dérange pas ?
- Je dormais idiot…lui répond Hakim.
- Ah pardon mon pote, s’excuse le grand homme.
- Qu’est ce que tu veux, je t’écoute avant que tes excuses éternelles me rendorment…
- Bon t’es en pleine forme je vois. C’est parfait car je dois t’annoncer que j’ai rompu avec ta sœur…
- Ecoute j’ai pas envie d’en parler maintenant. Rappelle moi demain s’il te plait et ce que fait ma sœur je m’en fous un peu. Elle a 26 ans, elle est assez grande maintenant.
- Merci de ta compréhension mec…
- Compréhension rien du tout, lui coupe Hakim. Je t’ai dis on en reparle demain et gare à toi si tu a déconné. Maintenant bonne nuit !
Après avoir raccroché, Hakim se lève de son lit en remarquant qu’il est 23h21 sur son réveil. Il sort de sa chambre tapissée de poster de super héros de l’univers Marvel.
- Y’a quelqu’un ce soir ?crie-t-il.
Situé dans le couloir du premier étage de la maison bleue et rose, Hakim descend l’étage du dessous. Toutes les lumières sont éteintes sauf celle de la cuisine. En s’y rendant, il repère une tête familière. Un homme assez beau à la peau mate et au charme latin est en train de se mettre une veste se préparant à sortir.
- Tu sors ce soir Leandro ?
- Oui nounours, je me suis rendu compte que je restais trop enfermé à la maison ces dernières semaines.
- Tu fais bien de t’aérer cher ami… Tu vas voir les autres au cyber ?
- Non ce soir ce sera la fête dans le slip, ironise Leandro.
- Hahaha mais c’est fou ce changement dis moi ! s’exclame Hakim.
- Il le faut Hakim mais dis moi tu fais rien ce soir ?
- Je suis crevé …
- Accompagne moi s’il te plait. On va s’éclater !
- Tu sais bien que je ne mange pas de ce pain Leandro…
- Ok ok … Alors viens juste pour me surveiller que je ne tombe pas dans les bras d’un serial killer.
- Tu me fais rire coco. Tu as quand même 32 ans…
- J’aurai au moins essayé, soupire le latino. Bon inquiète toi si je ne fais aucun signe de vie d’ici demain.
- Ok mon pote, vas-y fonce mais surtout protège toi.
Leandro serre fort Hakim contre lui et quitte la fameuse maison commune de la ruelle sombre de St Denis.
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Pendant ce temps, Mehdi est bien installé au chaud dans sa voiture blanche garée le long d’une rue arpenté d’un rempart en briques grises et une chaîne d’arbres de l’autre coté de la voie. Il fume son énième joint et commence à planer en écoutant la musique. Son GSM se met à sonner. Il décroche :
- Salut … Ah c’est toi… Ca va ? … Oui c’est fini avec elle…. Mais non ma voix n’est pas bizarre… Tu crois que je regrette c’est ça ? … Bref c’est délicat pour moi… pour nous… J’ai impliqué sans le vouloir d’autres personnes. Je suis con ….J’aurai du réfléchir et ne rester qu’avec toi quand je t’ai connu… Quoi ? T’énerves pas mon amour. Je vais régler tout cela avant de m’installer chez vous ! Je te le promets… T’es mon premier amour et tu sera le dernier. Je t’aime…
Il raccroche, pose son GSM et sort de sa voiture, en remettant le joint à sa bouche. Il se met à marcher sur toute l’étendue du trottoir où seule sa voiture y est stationnée.
Tout au bout de la rue, il remarque quelque chose bouger au pied du dernier arbre feuillu. Il dirige ses pas dans cette direction. A dix mètres de cet arbre, il se rend compte que quelque chose de vivant de taille humaine recouvert d’un drap est en train de bouger.
- Excusez- moi ! Tente-t-il.
- Brrrrrrrrrrr ….. Brrrrrrrrrrrrrrrrrr…. Brrrrrrrrrrr.
Il fait très noir. Seules les ombres sont encore visibles. De plus, Mehdi s’assure qu’il n’est pas sous l’effet du chite en se pinçant les bras. A la douleur, il se rend compte réellement qu’une personne tremble sous ce drap. S’approchant à petit pas vers l’inconnu, il s’agenouille face au drap mouvant.
- Vous avez besoin d’aide ?
- Brrrrrrr….. Brrrrrrr..
Il pense avoir repérer où se situe la tête de la personne frileuse. Il tend la main au niveau de la tête de l’étranger qui semble se laisser faire.
- Ne vous inquiétez pas, je vais vous aider, poursuit-il.
Puis avec son autre main, il essai d’écarter le drap au niveau du visage de la personne. Le tissu a peine retiré, Mehdi se rend compte qu’il voit très mal dans le noir la partie du visage qui est maintenant à l’air libre.
- Vous m’entendez ?
- Brrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr…. Brrrrrrrrrrrrrrrr…
Tout à coup deux yeux virent au vert illuminant la face de la personne étrangère.
- Brrrrrrrrrrr…. Brrrrrrr... Brrrr…
C’est alors que l’étranger se relève laissant tomber son drap.
- Brrrr.. Brr.. brr. Tss… Tsssss…. Tsssssssss.
- T-t-t-toi !!!!!!!Hésite Mehdi. Mais …. Mais … Ta langue … Qu’est ce qui lui arrive ?
La peur prend emprise de son corps. Ses jambes se mettent à se paralyser. La personne familière se rapproche de Mehdi au corps à corps et le regarde droit dans les yeux. Il se sent aveuglé par la lueur verte dégagée par ses yeux ténébreux.
- Tssssssssssssssssssssss….. Tssssssssssssssssssssssssssss…. Tssssssssssssssssssssssssssss….
C’est alors que Mehdi comprend que ses propres jambes se transforment en pierre et que c’est ce qui le paralyse. Ne pouvant s’enfuir il hurle « Au secours !!!!!! Aidez moi !!!! Au sec. » . Puis aucun son ne sort de sa bouche. En fait tout son corps est recouvert de pierre. Mais Mehdi est conscient de cela. Son cœur bat toujours. Et il commence à suffoquer. Aucune aération pour respirer. Il panique mais c’est horrible : son corps ne peut répondre à cette terreur. Puis la mystérieuse créature pousse le corps de pierre qui trébuche sous l’arbre pour se briser en mille morceaux de petites pierres dévoilant chacune des bouts de chair et de sang.
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Trois heures plus tard, au même endroit, deux femmes passent par là dans le noir total. Deux bottes de velours noir et deux escarpins rouges s’arrêtent au niveau des morceaux de pierre. La femme aux bottes se rabaisse pour ramasser une des pierres proche de l’arbre ayant assisté au massacre.
- Regarde Didi, indique-t-elle.
- Cela ne s’annonce pas bon Nini, lui répond la femme aux escarpins.
- La preuve que son venin a été utilisé … reprend Nini.
- … et donc que la cible a été repéré ! Poursuit Didi.
- La guerre est commencée… lance la femme aux bottes. Riad et tous ses amis vont crever les uns après les autres…