Rome était une série qui avait tout pour me plaire (et qui en plus parle de quelque chose qui est un peu ce que j'étudie) mais dont j'ai toujours repoussé le visionnage sans trop de véritables raisons. Un ami m'ayant prêté le coffret de la saison 1 j'ai pu rattraper mon erreur... et quelle erreur! Cette série est tout bonnement exceptionnelle sur tous les points : un très bon scénario, des acteurs convaincants et charismatiques, un budget à la hauteur du projet et surtout un respect pour l'époque traitée (ici la fin de la République romaine) qu'on retrouve rarement. Certes des libertés sont prises avec la réalité historique sans jamais pour autant la trahir, on a surtout une absence d'évènements (notamment lors de la guerre entre César et Pompé) ou de personnages (en particulier des sénateurs et autres hommes politiques) justifiés pour des raisons de durées, de rythme et de complexité des intrigues (énumérer toutes les batailles qui ont lieux entre les factions césariennes en Grèce et en Afrique ou encore la liste des nombreux hommes politiques qui jouent des rôles plus ou moins importants n'apporteraient pas grand chose), et de l'aveu des producteurs la série ne se veut pas être parole d'Evangile sur le sujet qu'elle traite mais une interprétation possible (voir plausible) des faits relatés par divers auteurs de manières plus ou moins détaillés, quand ils ne sont pas contradictoire.
Mais il y a un point sur lesquels la plupart des spécialistes s'accorderont : la réussite de la représentation de la Rome des années -50. La vraie force de Rome ne repose pas dans la fidélité historique des faits mais dans une très bonne représentation de la vie quotidienne à Rome, tant au niveau des décors que des mentalités : on a là une ville grouillante de monde loin des clichés de la Rome clinquante, mention spéciale pour les murs couverts de graphiti dont l'importance a été bien retranscrite, et jamais on n'aura d'anachronisme au niveau des caractérisations des héros, à aucun moment nous n'auront de discours qui refléteraient des valeurs morales anachroniques pour l'époque, comme par exemple des réflexions sur la condition d'esclave (encore un point très bien retranscrit par la série).
Comme je l'ai dit précédemment le casting est de qualité et nous offre un panel de personnages hauts en couleur comme Brutus perdu entre son affection pour César et son envie de sauvegarder la République, Attia séduisante et manipulatrice que rien ne semble arrêter (on a d'ailleurs là la plus grosse prise de liberté historique, la véritable Attia étant traditionnellement représentée comme la figure de la matrone romaine parfaite), un Cicéron à la langue aussi aiguisée que son modèle historique, Octave encore jeune et impétueux qui commence le parcours qui le mènera à devenir Auguste ou encore un César charismatique et calculateur dont on ne sait jamais quelles sont les véritables pensées. Mais le must (autant pour moi que pour bons nombres de fans) reste Marc-Antoine, puissant militaire craint et respecté mais aussi gros beauf des familles qui nous gratifie de scènes et de répliques qui sont parmi mes préférées de la série.
A côté de ces grandes figures historiques se trouvent les deux héros de la série, le centurion Lucius Vorenius et le légionnaire Titus Pullo (alias Ray Stevenson, bien connu des fans de comics puisqu'il a interprété le Punisher dans sa dernière adaptation en date et se trouve au casting de Thor dans le rôle de Volstagg) qui permettent aux spectateurs de découvrir les aspects de la vie quotidienne de Rome tout en se retrouvant mêler aux grands évènements qui ont bouleversé cette époque : ils sauvent Octave (dont Pullo deviendra un moment le professeur) tout en retrouvant un emblème de César disparu, rencontrent Pompé en fuite, sauvent Cléopâtre pour la remettre sur le trône... toute une série de péripéties qui à la longue peuvent paraître exagérées (voir hollywoodiennes) mais qui contribuent à rythmer la série et à les connecter à l'intrigue historique principale.
Si vous aimez l'aventure, les drames familiaux, les intrigues politiques et les fictions historiques fidèles (et accessibles, on est loin d'un documentaire pompeux), Rome est faite pour vous! En plus (ou malheureusement) c'est pas très long, une première saison de 12 épisodes suivie d'une seconde de 10, la série ayant dû être annulée pour son coût exubérant malgré de très bonnes audiences et critiques. Pour ma part il me reste maintenant à récupérer la saison 2, en espérant y retrouver au visionnage le même plaisir que pour la première saison!
