Ellroy est un des auteurs les plus appréciés par les amateurs de polar. Déjà très connu pour LA Confidential ou The Black Dahlia, il fait toujours des livres très denses, forts, durs avec énormément d'informations historiques, qui très souvent font croire aux lecteurs que ce qu'il raconte est vrai tant ça s'imbrique dans les événéments liés aux personnages qu'il créé.
Malheureusement, jusque là, je n'avais pas lu d'Ellroy. Mais heureusement, j'ai pu changer ça grâce à American Tabloid, la chronique de MONSIEUR Ellroy sur la campagne de Kennedy, son accession au "trône" des USA et ses années de règne sur le pays et le monde, le tout par la vision de trois êtres normalement très différents : Kemper Boyd (agent triple voir quadruple, quadragénaire classe rapidement fan de JFK, amateur de femmes et d'embrouilles politiques complexes), Ward Littell (ami de Boyd mais au départ très idéaliste et en guerre contre la Mafia malgré son poste aux brigages anti communistes, grand fan de Bobby Kennedy au début) et Pete Bondurant ("petite" frappe extrêmement classe et plus intelligent que prévu), rapidement aidés bien sûr par tout un casting très étoffé, long et complexe, mais jamais lourd composé de mafieux, stars de Hollywood, petites frappes, Howard Hughes, J. Edgard Hoover ou autres Franck Sinatra.
En fait, je vais pas me fondre d'une grosse critique sur ce bouquin parce que déjà je n'arriverais pas à classer mes idées et impressions assez bien pour ça, et je pense aussi que ce n'est pas un livre à critiquer, mais à lire. C'est ma première lecture d'un bouquin d'Ellroy, et je trouve ça vraiment très, très bien.
C'est, en fait, une superbe relecture (la question du "et si c'était vrai ?" me taraude depuis pas mal de temps) de la campagne électorale de Kennedy ainsi que de ses années au pouvoir. Je ne sais pas si Ellroy s'est appuyé sur des faits réels ou non, mais tout le temps le récit sonne "vrai", ça semble vrai, ça a l'air vraiment vrai, quoi. A tel point que je me suis dis à la fin "ah bah ouais, ça a sûrement dû se passer comme ça".
Bien sûr, on pourrait reprocher à American Tabloid d'avoir trop d'intrigues par moment et aussi à l'auteur un style trop épuré avec des descriptions très rares et un récit surtout fait de phrases courtes, mais j'avoue que ça touche juste. Tantôt nerveuse, tantôt rêveuse, tantôt brûlot politique, tantôt shootée comme ses personnages, l'histoire emmène le lecteur que je suis dans les interactions entre les personnages, voyant leurs montées et leurs chutes brutales (d'ailleurs beau parallèle entre Kemper "j'ai la classe même si je finis mal" Boyd et Ward "au début j'ai l'air d'un chiant mais à la fin j'ai la classe" Littell vu leurs trajectoires contraires), le tout dans un contexte historique passionnant et parfaitement maîtrisé. En plus, tous les personnages de Ellroy sont parfaitement travaillés, et même si il y en a beaucoup, rares sont ceux qu'on oublie en cours de route.
Au final, American Tabloid reste une super lecture et une grosse claque dans ce que j'ai lu. Je sais pas si tout ce qui est raconté est vrai ou inventé, mais j'aime à rester dans l'incertitude, ça apporte son charme au livre. Ellroy réussit une oeuvre longue mais très maîtrisée et très bien faite, à la fois très dure, désespérée mais extrêmement fun à lire, surtout grâce à son trio de personnages (Boyd, Littell, Bondurant) dont je suis tombé sous le charme.
En fait, American Tabloid n'est pas un livre que j'aime. C'est un livre que j'adore.
